Appel international

PRIVATISATION DE L’ÉDUCATION :
POUR L’ACCÈS À DES DONNÉES DE QUALITÉ

Alors même que la privatisation1 de l’éducation est un phénomène en croissance, et que la littérature a largement documenté ses conséquences néfastes, telles que l’augmentation des inégalités scolaires et sociales, il demeure difficile d’avoir accès aux données qui permettent des analyses en profondeur sur cette thématique. Plus précisément, l’indisponibilité ou la faible qualité des statistiques, ainsi que d’autres entraves à la conduite de recherches sur le terrain, empêchent une compréhension fine de ces processus, aussi bien dans les pays du Nord que du Sud. Par ailleurs, de nombreuses études dans le domaine sont souvent financées par des lobbys puissants pro-privés, remettant en cause l’impartialité des conclusions formulées.2

Au cours de leurs travaux, les rapporteures se sont heurtées à la difficulté à définir précisément l’enseignement supérieur privé à but lucratif et au manque de données publiques en la matière. Il n’existe en effet aucune définition juridique de l’enseignement supérieur privé à but lucratif et les outils statistiques du ministère ne permettent qu’un suivi très partiel du secteur, alors que des centaines de milliers d’étudiants sont concernés.

Même lorsque des informations sur les écoles sont accessibles au public, il arrive qu’elles soient peu pertinentes ou trompeuses : les mesures de la qualité des écoles sont habituellement peu significatives, simplistes, voire parfois biaisées pour certaines écoles, qui manipulent les données à leur avantage.

Ainsi, sans informations fiables, comment bâtir des politiques qui garantissent un accès équitable à une éducation de qualité comme le prévoit l’ensemble des déclarations internationales en la matière ? Si l’ensemble des acteurs/trices engagé-es dans l’éducation partagent cette vision, alors pourquoi limiter l’accès aux données ? Outre la faiblesse liée à la qualité des outils de contrôle et de régulation, l’on émet l’hypothèse que les études sur ce thème pourraient interroger de près des sphères d’influence économique et politique pouvant nuire à leurs intérêts. Cela peut même amener des chercheur-es à s’auto-censurer ou à abandonner les études sur ces défis majeurs, car se sentant en danger. 

Les organismes internationaux, tels que l’UNESCO chargée du suivi de l’Objectif de Développement Durable (ODD) 4 relatif à l’éducation, devraient encourager les Etats à s’assurer de la mise à disposition de données quantitatives et qualitatives de qualité sur l’ensemble du secteur de l’éducation, afin de favoriser des études sérieuses sur la privatisation de l’éducation. Aussi, les personnes qui souhaitent accéder aux informations publiques relatives à l’éducation devraient pouvoir le faire en toute sécurité et sans subir de menaces ni de préjudices

Nos soutiens

Nom
Institution
Adrião Theresa
RELAAPPE / State University of Campinas (Unicamp) Brazil
Barragan Juana
Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights
Blasius Jacob
Global Student Forum (GSF)
Blat Sebastien
Enfants du Monde
Bray Mark
UNESCO Chair in Comparative Education – Hong Kong University
Da Silva Rui
Center for African Studies of the University of Porto
Dorsi Delphine
Right to Education Initiative
Frisch Hannah
Results UK
Grenier Véronique
 Institut national de la recherche scientifique, Canada
Gueto Melo Celia
Nous Cims Foundation
Koutou N’Guessan Claude
Université Félix-Houphouët-Boigny
Lauwerier Thibaut
eduCoop
Locatelli Rita
Università Cattolica, Milan
Mary Kevin
Université de Perpignan Via Domitia, laboratoire Art-Dev
Pérez Lara
Universitat Autonoma de Barcelona
Pernet Corinne
Zurich University of Teacher Training
Sharma Laxman
General Federation of Nepalese Trade Unions (GEFONT)
Winton Sue
Public Education Exchange, York University
Yabouri Namiyate
Université de Lomé
Yeboua N’Guettia Nana Adjimanne Marcelinbertelo
Institut Universitaire d’Abidjan (IUA)

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1 La privatisation de l’éducation ne signifie pas simplement un transfert de prérogatives vers le secteur privé, mais elle comprend également une stratification complexe de partenariats public-privé, de subventions publiques à des entités privées, d’initiatives éducatives privées soutenues par le gouvernement ou encore des mécanismes du privé mobilisés par des entités publiques.

2 L’ensemble de ces arguments sont détaillés et illustrés dans le Rapport mondial de suivi sur l’éducation, 2021/2 : les acteurs non étatiques dans l’éducation : qui décide ? qui est perdant ?